Bienvenue au royaume

Bonjour, amateurs de contes, chercheurs de surprises, voyageurs en imaginaire, vous qui avez dans vos bagages l'innocence de Candide et la grâce d'Alice ! Petite artisane de l'imaginaire, je viens de me mettre à mon... conte. Un, deux, trois... il y en a quinze, je les ai façonnés pour vous régaler, ils sont pétris de tous les ingrédients qui me font vivre : la dentelle des matins de brouillard, celle des oeufs à la neige, la fraîcheur des champs de jonquilles, les lèvres des roses, les ruisseaux qui emportent les chagrins d'amour, les hautes tours d'où l'on voit la mer, ces gens qu'on aime parce qu'ils ne sont pas des anges et la tendresse. Ces quinze contes ne sont ni des reprises, ni des adaptations. Ce sont des textes originaux élaborés à partir de cette matière vivante qui nous fait rire, pleurer, désirer, aimer. Je les ai nommés : Les Contes du palais perdu

mercredi 25 avril 2007

Coucou ! comme disait Voltaire...

Les Contes du Palais perdu
sont nés le 19 avril, jour où le coucou a chanté pour la première fois (ce printemps) en forêt d'Epinal.
Un vieux dicton dit :
Si le Coucou le dit, le conte ne peut être que joli !



L'accueil du public est à la hauteur de nos espérances : vous avez été nombreuses, nombreux à faire honneur à ce livre, lors du Zinc Grenadine, au Port d'Epinal, le week-end dernier. Vous appréciez l'originalité de l'ouvrage et les mots d'hommage que vous nous offrez sont ceux des enfants : "oh comme c'est beau !"


Chaque jour, (ou presque) je trouve sur ma messageries des mots (doux) de mes amis qui ont commencé à lire. Ma plus jeune lectrice a dix ans, elle a dévoré les deux premiers tomes en un après-midi. Et c'est maintenant sa grand-mère qui ne les lâche plus.



Mireille V. fine lettrée, qui tient salon chaque jour, sur la terrasse du Commerce, Place des Vosges à Epinal, à l'heure du café (13 h 30-14 h), a rendu son verdict : tout est bon, le texte, les images, la mise en page... Mireille, c'est un peu comme le coucou, si elle le dit ! (Je l'entends rire en écrivant ces lignes, elle a le rire frais de ma châtelaine, celle du conte numéro...
N'hésitez pas à venir à ce café littéraire quotidien improvisé !)



Sidonie et moi-même sommes touchées de votre accueil, si vous aimez nos contes, faites-les connaître !


D'ailleurs, si vous voulez participer à la promotion, rendez-vous dans votre librairie préférée et demandez Les Contes du Palais Perdu. Si l'on fait l'étonné, jouez l'indigné : "Comment, vous n'avez pas cet ouvrage, mais on ne parle que de cela, partout en France !" C'est une technique de promotion que j'ai baptisée la "méthode Marquis de Carabas".
Pour ceux qui l'ignorent, notre bonne ville d'Epinal, Cité des Images a pour symbole Le Chat Botté (reportez-vous au conte : Le Marquis de Carabas devient célèbre grâce à son chat qui travaille à sa fortune en courant devant lui vanter ses mérites...Et ça marche, puisque le Marquis qui n'avait rien -que l'imagination de son chat-, au final, épouse la fille du Roi).


Bonne fée : j'ai une bonne fée, Maude. Dès que j'ai le dos tourné, elle ouvre mon blog (elle a tous les codes puisqu'elle est fée). Et elle ajoute des images.
Oui, une vraie fée, avec des ailes, allez voir son site, si vous ne me croyez pas :



http://www.mauritius-kitesurf.com/

jeudi 5 avril 2007

Les Contes du Palais perdu

Morceaux choisis

Le Rire de la Châtelaine

.../N’écoutant que son pauvre cœur qui n’était pas trop usé, n’ayant pas beaucoup servi, le voyageur retourna sur ses pas et frappa de nouveau au palais.
La souveraine, alanguie sur un canapé, semblait avoir encore gagné en tristesse mais sa beauté ne paraissait pas y avoir perdu.
-Madame, dit-il, je me suis permis de goûter un des œufs de l’une de vos poules, qui a eu la gentillesse de le pondre sous mon nez et je l’ai trouvé excellent. En auriez vous d’autres à m’offrir ?
La dame marqua sa surprise, mais sans insister :
- Moi, je ne les trouve pas fameux, mais je n’ai peut-être pas bon goût ! Entrez donc !
Elle le fit asseoir dans son petit salon sombre et revint avec deux grandes corbeilles remplies des fruits de la basse-cour. Il remarqua au passage les deux petits œufs blancs qui dépassaient de son corsage.
Se levant, avec un air ravi, il fit mine de chercher sa bourse pour la payer.
/...

Un Beau matin, la Reine s'en alla

Quand le roi se réveilla, au petit matin, la reine, qui dormait toujours à ses côtés sans bouger, n’était plus là. C’est le froid qui l’alerta, car elle avait laissé la porte de la chambre ouverte. C’était l’un de ses traits de caractère, elle n’avait jamais su fermer les portes. Elle prétendait qu’elle avait peur de ne pas les rouvrir. " Quelle drôle de reine ", pensa-t-il, en voyant la place vide dans le grand lit royal où il ne se passait jamais rien et il remarqua que le drap n’était même pas chiffonné ! .../

Sans couronne, bras dessus, bras dessous

.../Le dimanche suivant, quand le roi et la reine se promenèrent, sans couronne, bras dessus, bras dessous, en compagnie de leur chat devenu célèbre, ils constatèrent que le temps était révolu de la morosité ambiante.
Les gens riaient en les voyant passer et certains qui n’auraient jamais osé parler à la reine, s’avançaient, tout sourire, leur chat dans les bras. Et chacun avait, qui un bon mot, qui une anecdote à raconter.
Dans les allées du jardin du palais, certains courtisans allaient jusqu’à marcher à quatre pattes, miaulant savamment pour faire plaisir à la reine.
Ayant pris acte de la bonne humeur des couches populaires et de celles qui l’étaient moins, les heureux monarques purent donc inscrire leur aimable royaume au concours des pays qui rient. Comme il se classa dans les premiers, les souverains eurent l’honneur d’organiser, au printemps suivant, le sommet des pays de la planète qui rient le plus.
En apprenant la nouvelle, le chat royal s’étira et miaula de bonheur, ballotté sur le lit de ses maîtres, leurs joyeuses altesses qui s’aimaient ce matin-là, sans couronne, genoux dessus, genoux dessous, à bouche que veux-tu et à corps perdu.


La princesse aux yeux de bois

.../La princesse se rendit chez le menuisier et comme la porte était ouverte, elle entra.
Il y avait là un jeune homme en train de travailler le bois, en chantant. Elle le reconnut, même si elle ne l’avait pas vu depuis longtemps et l’examina comme un beau meuble.
-Est-ce vous, le jeune homme à marier ?
_Oui, mademoiselle, à qui ai- je l’honneur, fit-il, jouant les étonnés.
Elle déclina ses titres, avec son air altier habituel.
-Que me vaut l’honneur ? demanda le menuisier, sans s’arrêter de travailler.
-Je suis venu vous dire que le roi va vous embastiller, vous et votre père !
L’artisan posa son rabot et planta son regard droit dans le bois des yeux de la princesse.
-Qu’ai-je fait de mal, altesse ?
Elle balbutia :
-Mais cette pancarte, quelle outrecuidance, de quel droit ?...
Sans hausser le ton, il déclara :
_Rien, dans les textes de loi, noble demoiselle, ne m’interdit de chercher une épouse de cette façon. Après un bien long silence, elle reprit :
-Et vous vous imaginez qu’une princesse mettra ses pieds ici ?
-N'êtes-vous point princesse ?
-Si...
-Vos très gracieux pieds ne sont-ils pas sur mon sol, dans mes copeaux ?
/...
.

Le Palais perdu

Il baissait la tête et tremblait tellement, en se présentant devant la reine, qu’elle ne lui accorda que peu d’attention, lui disant qu’elle était pressée et qu’il lui pardonne le peu de temps qu’elle lui consacrait.
Au moment où elle tournait son dos qui était encore beau, il l’appela par le nom tendre qu’on donne aux nuages, juste avant l’aube des nuits d’amour. Et elle le reconnut.
Il lut le pardon dans son regard troublé.
Et il se dit que c’était peut-être lui qui l’avait trahie et que le reste n’était que médisance.
-Ma dame, j’ignore si c’est moi qui vous ai abandonnée ou si c’est vous qui m’avez chassé, je ne me rappelle plus l’homme que j’ai été, j’ai oublié s’il fut honnête brave ou léger mais je me souviens de vous, du parfum de votre peau diaphane, de la douceur de votre ventre, de l’amour que nous faisions sous les jasmins et de vos pleurs quand je suis parti.
Les grillons et les cigales cessèrent de chanter un instant, le temps qu’elle donne sa réponse. Mais elle ne dit mot et ouvrit ses bras blancs.